Pourquoi les souverainistes paniquent
Un billet de David Patry-Cloutier, journaliste à Rue Frontenac
La montée du NPD a provoqué une réaction plutôt étrange, à première vue, du Bloc québécois et de toute la famille souverainiste. Une forte impression de panique se dégage de la campagne bloquiste depuis les premiers sondages qui placent les troupes de Gilles Duceppe en sérieuses difficultés.
Remarquez, difficile de ne pas être paniqué lorsque l'on sent le tapis nous glisser sous les pieds. Vous feriez quoi, à la place de Gilles Duceppe, pour renverser la vapeur? Il n'y a probablement rien à faire.
Après trop de gouvernements minoritaires à Ottawa, un horizon politique à première vue bouché, l'électorat a visiblement envie de changement.
On s'attendait à une campagne qui n'allait pas changer grand-chose à Ottawa, on aura finalement une soirée électorale enlevante, à l'issue incertaine. C'est tant mieux. Ce ne serait pas étonnant que le taux de participation soit en hausse grâce à cela.
Les bloquistes pourraient avaler la pilule, résignés. Mais plutôt, ils sortent l'éventail complet de l'argumentaire souverainiste. Ils appellent les ténors de la souveraineté, comme Jacques Parizeau ou Gérald Larose, à l'aide. Leurs actes semblent désespérés. Pourquoi?
La réponse nous vient du passage de Gilles Duceppe au congrès du PQ, la semaine dernière. Il a clairement exposé la stratégie pour l'accession à la souveraineté du Québec. « Le Bloc fort est une des deux conditions, l'autre condition, c'est un gouvernement du Parti québécois. Je ne ferai pas de stratégie ouverte, mais nous avons les conditions essentielles pour faire en sorte qu'il y ait un référendum », a dit Duceppe.
« Conditions essentielles ». Ce ne sont pas des mots lancés en l'air. Ils sont savamment pesés. En prenant le pouvoir à Québec (à supposer qu'elle y parvienne), Pauline Marois entend exercer une « gouvernance souverainiste ». C'est-à-dire qu'elle demandera de rapatrier des pouvoirs fédéraux au Québec. Si le gouvernement central refuse, elle fait le pari que les Québécois se rebelleront et demanderont un nouveau référendum.
Avec un Bloc affaibli à Ottawa, Pauline Marois aura bien de la difficulté à faire entendre ses revendications à la Chambre des communes. La montée du NPD remet en question tout le plan des souverainistes pour réaliser leur rêve... Comprenez-vous mieux leur panique, maintenant?
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