[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il est mort, a annoncé lundi la télévision d'État.
Une présentatrice, vêtue de noir, a déclaré en pleurs qu'il était mort de « surmenage physique et mental ».
Le leader nord-coréen est décédé d'un « infarctus du myocarde sévère et d'une crise cardiaque » dans son train au cours d'un de ses traditionnels déplacements sur le terrain, a par après précisé l'agence de presse d'État KCNA, soulignant qu'une autopsie avait été réalisée dimanche.
Kim Jong-il avait 69 ans. À la tête de la dictature communiste nord-coréenne depuis 1994, il a lui-même succédé dans ses fonctions à son père Kim Il-sung, fondateur du régime.
Le dirigeant de l'État totalitaire avait subi un accident cérébral en 2008.
En 2009, la chaîne de télévision sud-coréenne YTN, citant des sources au sein des services de renseignements sud-coréens et chinois, rapportait qu'il souffrirait d'un cancer du pancréas.
Les funérailles du dirigeant auront lieu le 28 décembre, à Pyongyang. Les autorités ont décrété un deuil national du 17 au 29 décembre.
Kim Jong-un Kim Jong-un assistant à un défilé militaire à Pyongyang, le 10 octobre 2010. © PC/Vincent Yu
Un des fils de Kim Jong-il, Kim Jong-un, est désigné pour prendre sa succession, affirme la télévision du régime. Kim Jong-un, qui aurait dans la fin vingtaine, est le troisième et plus jeune fils du dictateur.
L'armée sud-coréenne a été placée en état d'alerte après l'annonce de la mort de Kim Jong-il, a rapporté lundi l'agence sud-coréenne Yonhap. Elle n'a toutefois décelé aucun mouvement militaire inhabituel en Corée du Nord.
Le président sud-coréen Lee Myung-Bak a convoqué une réunion extraordinaire du conseil de sécurité nationale.
Le premier ministre japonais Yoshihiko Noda a créé lundi une cellule de crise après l'annonce de la mort du dirigeant nord-coréen, a annoncé un porte-parole du gouvernement nippon.
Le chef du gouvernement a demandé à tous ses ministres concernés de rassembler des informations. Il a aussi donné comme instruction de partager des renseignements avec les États-Unis, la Corée du Sud et la Chine.
Yoshihiko Noda souhaite vérifier cette annonce et en examiner les conséquences, a dit son porte-parole.
Le président américain Barack Obama a été informé de l'annonce de la mort du dirigeant nord-coréen et les États-Unis sont attentifs à la situation, a déclaré la Maison-Blanche, ajoutant être en contact avec la Corée du Sud et le Japon.
« Nous demeurons attachés à la stabilité de la péninsule coréenne et à la liberté et à la sécurité de nos alliés », a déclaré Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche, dans un communiqué.
Un régime totalitaire isolé
Kim Jong-il a dirigé la Corée du Nord d'une main de fer et laisse à son fils une économie moribonde dans un pays marqué par une famine meurtrière et de graves pénuries alimentaires à répétition.
Le dictateur a utilisé la propagande, un culte exacerbé de la personnalité, une armée docile et les camps de travail pour maintenir son pouvoir, comme l'avait fait son père avant lui.
Il a donné tort à ceux qui prévoyaient un effondrement du régime après l'assèchement de l'aide soviétique au début des années 90. À la fin de cette décennie, une famine a tué jusqu'à un million de personnes.
Mais il est resté « le cher dirigeant » et a continué un programme de fabrication d'armes nucléaires, marqué par deux essais, en octobre 2006 et mai 2009.
La Corée du Nord connaît régulièrement des pénuries alimentaires sérieuses. L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a relevé le mois dernier une amélioration des récoltes, mais a souligné que de graves problèmes nutritionnels persistaient, estimant que près de 3 millions de personnes continueraient à avoir besoin d'une aide alimentaire en 2012.
Kim Jong-Il Kim Jong-Il, le 24 août 2011 © PC/Dmitry Astakhov
En plus d'avoir été victime d'une attaque cérébrale en 2008, Kim Jong-il aurait également souffert de problèmes rénaux, de diabète et d'une tension élevée.
Les analystes estimaient depuis plus quelques années que ses décisions étaient de plus en plus erratiques.
La Corée du Nord a régulièrement menacé d'anéantir le gouvernement du président sud-coréen Lee Myung-Bak, qui a mis fin à une décennie d'aide à Pyongyang dès son entrée en fonctions en février 2008.
Les tensions entre les deux Corées, toujours techniquement en guerre depuis 1953, se sont subitement exacerbées en 2010 avec la mort de 50 Sud-Coréens, d'abord dans le torpillage d'un bâtiment de guerre imputé à Pyongyang puis dans le pilonnage d'une île sud-coréenne proche de la frontière.
Malgré une enquête internationale, la Corée du Nord avait démenti toute responsabilité.
Certains analystes voyaient dans ces actes le fruit des effets secondaires de l'attaque cérébrale. D'autres évoquaient sa volonté d'asseoir à tout prix son plus jeune fils sur le trône du prétendant. Son état de santé a toujours relevé du secret d'État, tout comme sa biographie, qui s'inscrit dans la légende.
La propagande nord-coréenne le fait naître le 16 février 1942. Certains rapports le font naître en 1941.
La montagne où il serait né, le mont Paekdu, le plus haut sommet du pays, à la frontière chinoise, est sacrée. C'est là, dit-on, qu'est née la Corée.
En réalité, la plupart des historiens considèrent que Kim Jong-il est né en Russie, dans un camp d'entraînement des partisans communistes d'où son père Kim Il-sung a dirigé la guerre de résistance contre l'envahisseur japonais jusqu'en 1945.
Diplômé en économie politique, le jeune homme grimpe les échelons de la nomenklatura du Parti des Travailleurs de Corée (PTC) au pouvoir. Il s'occupe notamment de propagande.
Désigné comme successeur à son père, il prend officiellement les rênes du pouvoir, trois ans après la mort de Kim Il-sung en 1994.
Il a été accusé d'avoir organisé l'attentat qui a tué 17 Coréens du Sud à Rangoun, en Birmanie, en 1983, et la destruction en vol d'un avion de la Korean Airlines en 1987, faisant 115 morts, quelques mois avant les jeux Olympiques de Séoul.
Le dirigeant savait aussi très bien faire monter les enchères dans les négociations internationales entamées en 2003 pour convaincre Pyongyang de renoncer à ses ambitions atomiques.
Il a régulièrement claqué la porte de ces discussions à six pays (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, États-Unis, Japon, Russie) et nargué la communauté internationale en procédant à son premier essai nucléaire le 9 octobre 2006.
Le pouvoir est désormais entre les mains de son fils, dont la succession avait été officiellement annoncée à l'automne.
Dépourvu d'expérience, ce dernier a néanmoins été placé à des postes de responsabilités politiques et militaires.
Les experts de la Corée du Nord considèrent que Kim Jong-un a l'intelligence et la fermeté nécessaires à la conduite du régime, même si son âge et le faible délai qui lui a été laissé pour se préparer à la succession de son père constituent des handicaps.
En espérant que son successeur ne soit pas pire que lui