Claude Provencher et Jean-Paul Ouellet, plus habitués à chasser l’orignal et à pêcher le doré qu’à militer, s’apprêtent à utiliser une autre «arme», une pétition, réclamant du gouvernement du Québec qu’il recule avec son projet de loi 57, instaurant le concept de «forêt de proximité». «On part à la chasse contre le projet de loi 57!», s’exclament-ils.
Les deux beaux-frères victoriavillois veulent alerter les chasseurs, les pêcheurs, les motoneigistes, les villégiateurs des effets que cette loi, si elle devait être mise en vigueur, pourraient avoir comme incidences sur la pratique de leurs loisirs en forêt publique.
Par ce nouveau régime, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune déléguerait à une municipalité ou à une MRC la gestion d’une forêt publique sur son territoire, dans un esprit de «décentralisation».
La municipalité ou la MRC pourrait fixer les droits pour la pratique d’une activité de chasse ou de pêche, pour l’inscription à un tirage au sort ou pour circuler sur le territoire selon les marges définies par le ministère, peut-on lire dans le document de consultation du ministère.
MM Provencher et Ouellet craignent que par ce régime se restreigne l’accès aux forêts publiques et constitue une manière de «privatiser» les terrains de chasse qu’on réservera aux résidants de la zone, tout au moins à ceux qui auront les moyens d’en payer les nouveaux tarifs d’accès.
Depuis 35 ans, M. Provencher se rend deux ou trois fois par année à Casey (en Haute-Mauricie) pour des séjours de chasse et de pêche. «C’est une terre publique, c’est gratuit et, sur le terrain, on se respecte entre chasseurs. On s’est donné un code d’éthique», dit M. Provencher.
Il ajoute qu’à 65 ans, à la retraite, toute sa vie il a payé ses taxes et ses impôts. Il appréhende que par le nouveau régime de forêt de proximité, il n’ait plus accès à la forêt publique, un bien collectif, souligne-t-il.
La montée aux barricades des deux Victoriavillois survient quelques mois après la consultation qu’a menée le ministère sur les forêts de proximité. La Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs a réagi par un mémoire en novembre dernier, s’inquiétant aussi de cette «nouvelle privatisation des ressources fauniques et des territoires libres».
Plus récemment, le magazine Aventure chasse et pêche a également publié un article (sous la plume d’André Veilleux) intitulé «Les forêts de proximité» et, en exergue, «Un territoire public bientôt payant?».
Mais cela n’a pas suffi à mobiliser les chasseurs et pêcheurs, reconnaît M. Ouellet. N’étaient-ils pas à l’affût?
«Parce que le terme «forêt de proximité» ne dit rien à personne. Il est aussi anodin que le concept de forêt habitée sorti il y a dix ans. Parce qu’il y a dix ans, le ministère avait aussi songé à implanter un tel régime pour finalement reculer.»
M. Ouellet poursuit en disant que dans notre environnement immédiat, le régime de forêt de proximité pourrait donner à des municipalités comme Saint-Ferdinand et Saints-Martyrs-Canadiens les pouvoirs de restreindre aux riverains l’accès à la pêche au lac à la Truite et au lac Nicolet.
Dès la semaine prochaine, dans les magasins de chasse et de pêche, les chasseurs, pêcheurs et les citoyens qui le souhaitent pourront signer la pétition réclamant du gouvernement qu’il «oublie cette loi», dit M. Provencher. «Cela concerne toute la population, même ceux qui aiment les randonnées pédestres en forêt, les ornithologues.»
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Source : Hélène Ruel La nouvelle union