Lorsque débute le premier conflit mondial, l’Angleterre demande à tous les membres de son Dominion de fournir un effort de guerre. Les unités de milice canadiennes comptent alors, plus d’hommes que les effectifs réguliers de l’armée de terre composés de seulement 3,110 soldats et officiers. On s’empressa donc de stimuler l’enrôlement volontaire à travers les différentes unités de milice. Cette mesure connait un vif succès ce qui permet au Canada d’envoyer en Europe dès 1914, un premier contingent du corps expéditionnaire canadien (CEC). Le patriotisme est à son comble et les villes rivalisent entre-elles dans la formation de bataillons. Tous croient à tort que le conflit sera de courte durée. La ville de Québec n’échappe pas à cet engouement et projette la mise sur pied d’une garde civique qui portera le titre pompeux et bien ‘’british’’ de Quebec City Home Guard. Cet organisme de défense civile destiné aux hommes trop âgés pour le service militaire actif se transformera en démonstration de vanité aristocratique des élites citadines qu’on a ridiculisé à juste titre. Ce corps comme bien d’autres se faisait l’écho d’un patriotisme de drapeaux et de fanfares. Même Louis Alexandre Taschereau, alors Ministre des travaux publiques et du travail sous le gouvernement Gouin qui au début apporta son concours à cette initiative, pris ses distances devant la tournure des évènements.
Les commandants de cette joyeuse troupe, mal équipée en armes, contactèrent Frank Bannerman de New York en 1914 et lui achetèrent un lot d’environ 400 carabines Mauser M71/84 usagées en modèles ‘’infantry’’ et ‘’Jagear’’ ainsi que des baïonnettes italiennes Vetterli pour compléter le tout. La Quebec Home Guard devenait ainsi, la seule organisation militaire canadienne à avoir utilisé une Mauser comme arme de service. La Ross Cadet de calibre .22 fût également utilisée comme arme de pratique par les membres de cette unité. Le Ministre de la Milice et de la Défense Sam Hughes désirait que l’équipement des soldats d’ici soit fabriqué au Canada. On lui doit en parti, l’adoption des carabines Ross. L’utilisation de la Cadet par une unité de Québec s’explique aussi par la proximité du fabricant et de la popularité de l’arme chez les élites. Les marquages QCHG et QHG apparaissant sur ces armes est donc normal, autant pour la Mauser que pour la petite Ross.