CAROLINE LEPAGE, journal de Montréal
Mercredi, 14 janvier 2015 18:58
MISE à JOUR Mercredi, 14 janvier 2015 19:11
L’Association canadienne pour les armes à feu (ACAF) croit que le nombre de victimes dans l’attentat contre Charlie Hebdo aurait pu être moins meurtrier si les citoyens avaient davantage accès aux armes à feu pour assurer leur défense.
«Permettre aux honnêtes citoyens de s’armer et de défendre leur vie est la seule manière de mettre un terme à ces actes de folie», peut-on lire sur la page Facebook de l’ACAF.
Le directeur de la cellule québécoise de l’ACAF, Claude Colgan, qui, selon ses dires, compte plus de 8000 membres dans la province, assume entièrement ces propos.
Il comprend mal que des citoyens témoins de tels massacres filment la scène avec leur téléphone intelligent, alors qu’ils auraient pu, à son avis, sauver des vies s’ils avaient été formés et armés.
Pas tous dangereux
Ayant perdu sa sœur Hélène dans la tragédie de la polytechnique, M. Colgan a brisé le silence en 2012, après la tuerie de Newtown, aux États-Unis.
Il était exaspéré d’entendre les groupes qui militent pour un meilleur contrôle des armes à feu se servir de ces tragédies pour défendre leur position.
Selon lui, ils condamnent les propriétaires d’arme par association.
«On passe tous pour des fous dangereux», s’offusque cet amateur de chasse.
De plus, ce discours ne représentait pas sa sœur qui était aussi en faveur d’une plus grande accessibilité aux armes.
Il déplore qu’au cours des 25 dernières années, une seule voix ait été entendue au Québec, celle du contrôle des armes. «C’est comme si les propriétaires d’armes étaient des humains de deuxième classe», lance-t-il.
Néanmoins, les recherches rendues publiques sur le site du ministère de la Justice du Canada ne permettent pas de tirer de conclusion ferme sur les avantages ou les inconvénients de posséder une arme à feu à des fins défensives.
Triste et ordinaire
«Je n’endosse pas le discours de l’ACAF», affirme la députée néo-démocrate Rosane Doré Lefebvre qui est porte-parole adjointe de l’opposition en matière de sécurité publique.
«J’ai trouvé ça triste et même ordinaire de voir que l’ACAF se servait de ces attentats pour faire de la récupération politique», commente celle qui qualifie de complexe l’enjeu des armes à feu.
La députée, qui se qualifie comme une amateure de chasse, affirme rencontrer plusieurs personnes dans les champs de tir et qu’un plus grand accès aux armes ne semble pas une priorité pour eux. Selon elle, l’ACAF ne représente qu’une minorité de gens.
Éliminer la paperasse
De leur côté, les conservateurs se disent déterminés à établir une politique de bon sens pour l’accès aux armes. «Nous avons présenté des mesures législatives pour éliminer la paperasse inutile et empêcher la possession d’armes à feu aux personnes qui ne devraient pas en avoir», affirme le porte-parole du ministre conservateur de la Sécurité publique, Jean-Christophe de Le Rue.