La ’Jungle Carbine’’
Jungle Carbine n’a jamais été une désignation officielle pour cette arme, c’est un surnom donné par les soldats et ensuit popularisé par la compagnie Golden State Arms Corporation de Californie qui en vendit (ainsi que des répliques) dans les années 50-60. Sa désignation officielle a toujours été Rifle No5 Mk I.
On doit admettre par contre que Jungle Carbine est beaucoup plus accrocheur...
Une version allégée du Lee-Enfield No.4 Mk1 a commencé à être envisagée peu après son adoption et ce pour différentes raisons.
Les ressources industrielles de la Grande-Bretagne ayant atteint leurs limites le gouvernement se demandait si un no 4 simplifié était possible. Puisque le No4 était déjà une version exigeant moins d’opérations de machinage complexe que le No1 MkIII, on voit comment la situation était désespérée.
À la mi-1942, les prototypes du ’’Simplified Rifle’’ ou Fusil Simplifié avaient le fût et le garde-main raccourcis donnant ainsi un avant-gôut de la Jungle et avaient un boîtier grandement simplifié. Si on regarde les photos de ce modèle, on remarque la baïonette qui se rangeait inversée sous le canon, un peu comme sur les fusils MAS 36.
Un peu plus tard, soit à la fin 1942, le sentiment d’urgence était moindre puisque les capacités industrielles du Canada et des États-Unis roulaient à plein régime, complémentant celles de la Grande-Bretagne. Une version plus facile à fabriquer n’était donc plus aussi nécessaire.
En juin 1943, les recherches se sont donc tournées plutôt vers une version allégée du No4. Les combats en Asie et dans le Pacifique avaient indiqué qu’une version allégée et raccourcie du fusil standard serait plus appropriée au terrain et aux conditions sur ces théâtres d’opérations.
Les premiers prototypes du nouveau modèle, appelé à l’origine « Lightened No4 » ou « No4 allégé » étaient tout simplement des No4 Mk1 dont le fût était raccourci et le garde-main enlevé exposant ainsi le canon , le tout étant d’une apparence identique aux No 4 sporterisés après la guerre. Cette configuration n’adressait toutefois pas le problème de la longueur de l’arme, le canon n’étant toujours pas coupé. Plusieurs configurations de fût ont ensuite été essayées ainsi que certaines versions avec un capuchon pour celui-ci.
En même temps canon, ce qui toutefois entraînait quelques problèmes, principalement un recul plus prononcé et des flammes plus visibles au canon.
Le premier problème a été résolu par l’adoption d’un coussinet de recul en caoutchouc, d’un aspect très distinct. Les premiers coussinets testés absorbaient mieux le recul, toutefois ils ne résistaient bien à l’usure. Un caoutchouc d’une composition plus dure l’a donc remplacé, malheureusement, celui-ci absorbait moins le recul. Le second problème, celui des flammes visibles au canon, a nécessité l’installation d’un cache-flamme, également d’aspect distinct.
Il est à noter que bien que la mire à oeilleton soit semblable à la mire Mk1 du No4, les graduations qui y figurent sont différentes, la balistique de la munition étant différente avec le canon plus court et les distances de tir anticipées étant plus rapprochées. La mire ne porte donc que des graduations jusqu’à 800 verges, contre 1300 sur celle du No4. Lors de l’élaboration des spécifications du « Lightened No4 », l’armée n’exigea une précision semblable au fusil original que jusqu’à 400 verges.
Une autre différence avec le No4 Mk1 consiste en une série de mesures visant à alléger le boîtier au maximum. Certaines pièces ont été évidées, d’autres ont reçu des séries de rainures visant à enlever le plus de métal possible, par exemple la carcasse.
La baïonette est du type couteau et complètement différente de celle qui avait équipé les No1MkIII.
Elle est beaucoup plus courte et le cache-flamme installé sur le canon exigeait une ouverture beaucoup plus grande sur la garde de la baïonette que celles des No 1. Les tests effectués ont démontré que les groupes tirés avec la baïonette fixée au canon étaient plus grands de 20% en moyenne..
Contrairement aux autres modèles de Lee-Enfield, la courroie ne peut être utilisée comme aide de stabilisation au tir, puisqu’elle est montée sur le côté de la crosse. Elle ne sert donc qu’au transport de l’arme.
Le design a été finalisé le 21 mars 1944 et elle a été utilisée dans les combats dans le Pacifique lors de la 2e Guerre ainsi qu’en Corée, au Kenya lors de l’insurrection des Mau-Mau, en Malaisie et dans plusieurs autres petits conflits.
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L’Inde et l’Australie combattant sur les mêmes théâtres d’opérations durant la 2e Guerre et donc dans les mêmes conditions ont également étudié leurs propres versions de la Jungle Carbine.
Toutefois, puisque le No4 n’avait jamais été adopté dans ces pays et que le No1 MkIII y était en pleine production aux usines d’Ishapore en Inde et de Lithgow en Australie, leurs versions étaient basées sur ce modèle.
La version australienne fut finalisée, mais la guerre prit fin avant que la production commence, mettant ce projet de côté.
L’armée britannique a envisagé l’adopter comme arme standard remplaçant le No4 Mk 1 mais son recul était considéré comme trop fort pour la recrue moyenne. De plus, la Jungle Carbine est supposée avoir souffert d’un problème de précision, le zérotage semblant varier d’une fois à l’autre sur certains exemplaires. La théorie actuelle veut que le métal enlevé à la carcasse l’aurait trop affaiblie et que la flexion de celle-ci aurait causé le problème.
Toutefois, on peut se demander si tout ceci n’a pas servi à l’armée britannique de bouc émissaire. Différents modèles de fusils semi-automatiques étaient à l’étude en Grande-Bretagne , tandis que d’autres servaient déjà depuis longtemps dans d’autres pays. On pense ici au Garand américain, adopté en 1936, à la France avec son MAS-49 ou encore au SKS russe adopté en 45. On comprend l’État-Major Britannique de ne pas vouloir rester avec un modèle à verrou...
Maintenant ses chiffres de production:
Royal Ordnance Factory Fazakerley,
Birmingham Small Arms Company
Fabriquée entre 1944–1947
Quantité: 251,368 total; 81,329 (BSA Shirley), 169,807 (ROF Fazakerley)
Je vous laisse fouiller sur les différents fils de discussion du forum parlant des Jungle, les copains ont posté trop de belles photos de leurs carabines pour que je mette des photos recyclées ici...
Bibliographie:
the Lee-Enfield de Ian Skennerton
Australian S.M.L.E. Variations de Ian Skennerton et Brian Labudda
The Lee: British Service Rifle from 1888 to 1950 de Robert J. Dynes.
Lee-Enfield No 4 and No. 5 Rifles de Charles R. Stratton
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