André-A. Bellemare
Chaque année, la pratique d'activités de chasse au Québec représente une affaire de 540 millions $, ce qui constitue une «industrie» vraiment essentielle dans certaines régions éloignées des grandes agglomérations urbaines. Au cours des 40 dernières années, près d'un million et demi de personnes ont obtenu un certificat du chasseur dans la province. Environ la moitié d'entre elles achètent des permis de chasse annuellement, surtout pour récolter l'orignal, le chevreuil et la gélinotte huppée. Chez nous, la chasse permet de créer et de maintenir des dizaines de milliers d'emplois permanents et saisonniers.
Voilà ce qu'on peut retenir d'une enquête réalisée en 2011 par la firme SOM, spécialisée en sondages et recherches, auprès de 4752 chasseurs expérimentés et novices, à la demande du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, et de la Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ). Le rapport de l'enquête - 70 pages remplies de tableaux et de statistiques - a été analysé, la fin de semaine dernière, lors du congrès annuel de la FPQ.
En moyenne, chaque chasseur consacre 15,2 jours par an à la pratique de son activité, et il dépense 1832 $ à cette fin. Quelque 67 % des chasseurs fréquentent des territoires privés; 62 % chassent aussi sur des terres publiques, tandis que 16 % chassent dans les 16 réserves fauniques gouvernementales et 14 % fréquentent les quelque 600 pourvoiries.
Il y aurait plus de chasseurs s'il en coûtait moins cher pour avoir accès à des territoires giboyeux. Les chasseurs novices et plus jeunes - ceux que les sondeurs considèrent comme la «relève» - sont moins fortunés que les chasseurs plus âgés et plus expérimentés : ce sont eux qui se plaignent du coût d'accès élevé à la chasse, du manque de territoires publics accessibles, de la difficulté d'accès aux territoires, de l'éloignement de ces territoires, etc.
Jeudi dernier, à Québec, le nouveau ministre de la Sécurité publique du Québec, Stéphane Bergeron, a annoncé le dépôt prochain d'un projet de loi sur l'enregistrement des armes à feu non restreintes (fusils et carabines). Ce qui risque d'ajouter de nouveaux coûts et de nouveaux empêchements pour restreindre encore plus l'accès de la «relève» à la pratique des activités de chasse. Ce qui risque aussi de priver les régions éloignées d'un apport économique essentiel à la création d'emplois.