Introduction
Théories relatives aux mouvements du canon
Point de départ
Méthode traditionnelle
Méthode “Audette”
Méthode “Newberry”
Approches sophistiquées avec instrumentation
Permutations et expérimentation
Conclusion
IntroductionPlusieurs membres ont exprimé l’intérêt d’entammer une discussion sur les méthodes de dévelopments de loads. L’exposé qui suit constitue une synthèse de ce qu’on peut retrouver sur le web, soupoudré de mes experiences. J’aurais aimé faire la démonstration avec cibles à l’appui, mais la température ne me le permet pas. Ce sera à revisiter.
Théories relatives aux mouvements du canonL'effet de reculVu que l’axe du canon est au-dessus du centre de gravité de l’arme, le canon monte à la verticale sous l’effet du recul lors de la mise à feu. L’élévation du canon et le temps de vol du boulet vont determiner le point d’impact sur la cible.
VibrationsEn plus du recul, la mise à feu occasionne toutes sortes de vibrations du canon. La pression des gaz ainsi que la progression du boulet déforment littéralement le canon dans toutes ses dimesions. Pour comprendre ce phénomène je vous réfère à une simulation par ordinateur sur internet. Regardez les représentations graphiques des 8 noeuds harmoniques sur le lien suivant:
http://www.varmintal.com/amode.htmComme le mentionne l’auteur, il est impossible de visualiser ces harmoniques à différentes fréquences. Il suffit de conclure que le but est de trouver une combinaison de composantes qui amèneront le boulet a quitter le canon constamment aux périodes où il se déplace le moins.
L’onde de chocUne théorie récente de Chris Long, suggère qu’une onde de choc est occasionnée par la mise à feu. Cette onde progresse du boîtier à la bouche du canon et revient à une très grande vitesse. Long rejette partiellement l’effet escompté des théories précédentes, alléguant qu'elles n’expliquent pas comment une recette puisse donner des rendements similaires dans une variété d’armes avec des canons de différentes longueurs, diamètres et méthodes de bedding. Long conclut que les vibrations ne changent pas rapidement en fonction des variations de charge de poudre. Selon lui, l’onde de choc longitudinale offre une meilleure explication de la dispersion des boulets avec une petite variation de poudre. L’essence de sa théorie c’est que même si l’onde de choc peut changer d’amplitude en fonction de la charge de poudre et/ou l’enfoncement de l’ogive dans la douille, cette onde se déplace à une vitesse constante. Vu qu’on connait le temps de départ, la vitesse de l’onde et la longueur du canon, on devrait pouvoir mesurer la position de l’onde dans le temps et ainsi établir le “timing” du canon pour favoriser le larguage de l’ogive au moment ou l’onde est plus près du boîtier. Il faut également favoriser un premier stage rapide de combustion pour minimiser l’effet de retour de l’onde sur le boulet. Enfin, il propose une méthode pour calculer le “timing” d’un canon et l’utilisation d’un logiciel comme Quickload pour dépister une poudre et une charge qui permetteront de:
http://www.neconos.com/details3.htm1. remplir la douille le plus possible, assurant ainsi un premier stage de combustion rapide,
2. assurer que toute la poudre est enflammé avant le retour de l’onde sur le boulet, et
3. renconter l’exigence de “timing” du canon, à partir de la longueur de ce dernier.
Je vous incite à consulter l’article de Chris Long:
http://www.the-long-family.com/OBT_paper.htmPoint de départLe point de départ est le même pour toute les méthodes. On doit chosir les composantes en revisant les manuels de reloading (Lyman, Sierra, Nosler, etc.) ou les sites internet reconnus. Pour un tireur de haute précision, le triage et la préparation des certaines composantes sont incontournables.
Méthode traditionnelleUne fois les composantes choisies, on recharge 3 (chasse) ou 5 (précision) douilles avec une charge de poudre (7%-10% en deça des recettes maximums du manuel). On augmente la charge d’environ 0.5 grs (moins pour les petits calibres comme 223 Rem). On recharge 5-6 loads. On tire la plus petite charge sur une cible à 100 verges. On utilise 1 cible par load en prenant soin de vérifier les signes de pression et de laisser refroidir le canon. Lorsqu’on trouve une ou des loads qui donnent un groupement convenable on répète le processus à plus faibles intervalles (0.1 à 0.3grs) autour de la load en question. On procède ensuite à des tests avec siègeage varié de l’ogive (+ ou - .005” à la fois). Si on ne trouve pas de load convenables en partant, on recommence le processus en changeant une composante à la fois pour controller les variables le plus possible.
J’ai utilisé cette méthode durant les années 70/80. Vu qu’on procède un peu à tâtons, quelques fois on est chanceux et tout fonctionne en partant. Souvent ça n’est pas le cas - on utilise beaucoup de composantes et on passe énormément de temps, sans compter l’usure du canon.
Méthode “Audette”Une méthode rapide pour trouver une load précise a été mise de l’avant par Creighton Audette dans un discours prononcé en 1982 et popularisée par Randolph Constantine dans un article paru dans Precision Shooting en 1997: “Incremental Load Development Method”. On retrouve des références à la méthode “Ladder Test”, mais pour cet exposé je référe à la Méthode Audette.
Commençez par estimer la load maximale à tester, après consultation des manuels de rechargement.
- Prévoyez une vingtaine de loads de 1 cartouche à intervalles de 0.3grs ou 0.4grs (+ ou -) jusqu’au maximum identifié.
- Préparez 3-5 loads en surplus pour ajuster votre arme avant le test.
- Le siègeage devrait être conforme aux normes SAAMI ou à une longueur uniforme qui fonctionne dans le magazine, mesurée à partir de l’ogive avec un “bullet comparator”.
- Prenez bonne note de chaque load – certains inscrivent la charge de poudre sur la douille.
- Le test devrait être effectué à 300 verges. Plus votre carabine est précise, plus vous devez augmenter la distance pour faire ressortir les écarts. Le test peut être effectué à 200 verges mais 100 verges est à déconseiller.
- Le tireur et la carabine doivent être capables de produire 1 MOA.
- Vous aurez besoin d’une grande cible blanche avec un point de visée de 1/2”- 3/4” situé au 1/3 de la hauteur et d’une cible d’essai.
- Préparer un duplicata de la cible (en petit format) que vous gardez avec vous sur le bench.
- Un chronographe est très utile.
- Il faut avoir un télescope de haute qualité à grossissement minimum de 20X ou un télescope d’observation.
Procédure:- Il est préférable de faire le test lorsqu’il y a peu de vent - si trop fort, remettez le test.
- Un seul coup pour chaque load - la constance de tir est de mise.
- Une fois l’arme ajustée, tirer les cartouches sur la même cible en commençant par la load la plus faible.
- Attendez 1 minute entre chaque coup.
- Vérifiez les signes de pression après chaque coup.
- Notez la vitesse correspondant à chaque load.
-
Notez le point d’impact après chaque coup sur le duplicata de la cible. Il faut pouvoir attribuer chaque impact à une load.
Résultats:- Règle générale, vous constaterez un forme d’échelle (“Ladder Test”) avec l’augmentation des charges.
- Après quelques trous ascendants, vous allez noter un “plateau” (+ ou -) suivi d’autres trous ascendants et possiblement d’un autre “plateau”.
- Ce qu’on recherche c’est le regroupment vertical de charges consécutives qui démontrent un “sweet spot”. De mon expérience, ces “plateaux” consistent de 2 à 4 charges.
Prochaines étapes:- Après le dépistage d’un “sweet spot” on revient à la méthode traditionelle pour recharger des cartouches (5) autour du milieu du “sweet spot”, à intervalles plus rapprochées (0.1grs – 0.2grs).
- On en est arriver à une load précise qui devrait résister aux variations mineures des composantes et des conditions extérieures.
- La dernière étape consiste à varier l’enfoncement de l’ogive dans la douille (+ ou - .005” à la fois) pour peaufiner notre load.
L’article de R. Constantine:
http://www.desertsharpshooters.com/manuals/incredload.pdfMéthode “Newberry”La Méthode Audette comporte certains désavantages:
- Le test est effectuer à 200 verges et plus, ce qui n’est pas toujours possible.
- Certaines variables sont incontrolables - l’encrassement graduel du canon, le changement des conditions atmosphériques (vent, pluie, luminosité, température, etc.), la fatigue du tireur, un ou plusieurs tirs mal effectués et autres
Pour remédier à ces lacunes, Newberry a mis de l’avant une méthode intitulée “Optimum Charge Weight Load Development” (OCW). Les tests sont effectués à 100 verges. On tire de façon consécutive sur 5 à 6 cibles avec des loads multiples et différentes pour minimiser l’effet de variables mentionnées. Cette méthode a donné lieu aux réflections, recherches et conclusions de Chris Long. Pour cet exposé, j’utilise les termes Méthode Newberry.
Le point de départ est le même que pour les 2 autres méthodes. On recharge une cartouche à 7% -10% en deça du maximum de la recette du manuel, ensuite une autre cartouche en augmentatant la charge de 2% et une troisième avec une autre augmentation de 2% sur la deuxième. Ces 3 cartouches servent à ajuster l’arme et à déterminer les signes de presssion.
- Rechargez 3 cartouches avec une charge représentant une autre augmention de 2% sur la cartouche #3.
- Augmentez graduellement la charge de 0.7% à 1% à chaque 3 cartouches, jusqu’à
une gradation au-delà du maximum de la recette du manuel (5-6 loads)
- Le siègeage est le même que pour la Méthode Audette.
- Préparez autant de cibles que de loads à tirer (5-6), plus une cible pour ajuster l’arme. Marquez chaque cible en fonction des loads à tirer.
- L’équipement pour la Méthode Audette est également utile pour le test qui suit.
Procédure Newberry:- Tirer les 3 cartouches d’ajustement sur la cible d’essai. Ce faisant, examiner les douilles pour signes de pression et ajuster l’arme.
- Tirer la 1ière cartouche de la load #1 sur la cible #1. Après 1 minute, tirer la 1ière cartouche de la load #2 sur la cible #2.
- Continuer cette séquence jusqu’à la dernière load et cible. Au moindre signe de pression, mettez de coté les loads égales ou plus élevées.
- On répète le processus avec les 2ièmes cartouches en partant de la load #1 sur les cibles #1 à 5 ou 6. Ainsi de suite pour les 3ièmes cartouches.
Analyse des résultats:- Tracer un triangle en utilisant le centre de chaque trou. Trouver le centre du triangle et mesurez la distance jusqu’au centre de la cible.
- L’analyse est plus difficile que pour la Méthode Audette. Certains utilisent le logiçiel OnTarget: http://www.ontargetshooting.com/download.html
- Essayez de trouver les 3 groupes qui se rapprochent le plus du même point d’impact sur la cible. Le but est d’identifier 3 groupes tirés lorsque l’onde de choc se déplace vers le boîtier et avant qu’elle ne revienne à la bouche du canon.
- Choississez la load du milieu comme celle qui devrait être la plus stable et résiliente aux variations des composantes et des conditions externes.
- Il faut résister à la tentation de choisir le plus petit groupement, celui-çi pouvant être un pur hazard avec seulement 3 coups - a moins qu’il soit le groupe du centre des 3 groupes.
Prochaines étapes:- Comme pour la Méthode Audette, on fait des essais avec la load identifiée en variant l’enfoncement de l’ogive dans la douille (+ ou - .005” à la fois) pour peaufiner notre load.
Pour plus de renseignements sur la Méthode Newberry:
http://optimalchargeweight.embarqspace.com/#Approches sophistiquées avec instrumentationPour un plus haut degré de sophistication, il existe aujourd’hui un instrument à prix relativement abordable (US$500), qui permet de déterminer la pression et de faire toutes sortes d’analyses pour optimiser le rendement: Pressure Trace de RSI Lab
http://www.shootingsoftware.com/pressure.htm. En combinaison avec un chronographe, cet instrument est surement le système nec plus ultra du reloading!
Permutations et expérimentationJ’utilise la Méthode Audette depuis 1992. Après certains succès et quelques résultats mitigés, j’ai modifié mon utilisation de la méthode. Je me limite à recharger 12-15 loads mais avec 2 cartouche pour chaque load. J’effectue les tests à 200 verges, simultanément sur 2 cibles identiques. Cette approche fournit plus de données et me permet de dépister un (les) tir(s) mal effectué(s) et autres idiosyncrasies. Eh oui, plus je viellis, plus la perfection m’échappe!
J’ai utilisé la Méthode Newberry une seule fois. En fait, il me reste l’étape du siègeage varié à effectuer. Les résultats initiaux sont encourageants. Ce qui me surprend de cette méthode, c’est que l’auteur se limite à des tests à 100 verges. Il semble satisfait d’obtenir des rendements de ½ MOA, en autant que la load soit résiliente. Bien qu’il semble y avoir beaucoup d’intérêt et d’adeptes de cette pratique, j’ai retrouvé très peu d’information sur son utilisation à plus grande distance soit 200 à 500 verges.
Il serait intéressant d’utiliser les 2 méthodes pour le dévelopment d’une load. En principe, l’une devrait confirmer l’autre et fournir une assurance accrue du dévelopment d’une load optimale. Cette expérimentation devrait se faire à distance d’au moins 200 verges.
ConclusionLa Méthode Audette est l’approche de choix pour les tireurs de haute précision et de longue distance. Par contre, la Méthode Newberry est préférable pour ceux qui sont limités à des distances de 100 verges. L’expérimentation avec les 2 méthodes à des distances de 200 verges et plus pourrait offrir des possibilités intéressantes pour le dévelopment de loads précises et résilientes.
Cet exposé va soulever autant de questions qu’il apporte de réponses. En misant sur l’ouverture d’esprit habituelle des membres, je désire lancer un appel à l’expérimentation et au partage des résultats dans le but de parfaire nos connaissances communes. Tôt ou tard on s’aperçoit qu’une des grandes jouissances de la vie c’est la faculté d’apprendre. Dans ce contexte, j’ai bien hâte de vous lire.
Vos commentaires, suggestions, opinions et critiques constructives sont les bienvenus.
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