La seconde moitié du 19e siècle a vu l’utilisation par les forces armées britanniques d’une grande variété d’armes de poing. Un des facteurs principaux de cette variété était la tradition qui voulait qu’en recevant leur commission, les officiers reçoivent en cadeau ou s’achètent des armes dans le commerce, le choix du modèle étant libre . On pense ici aux Colt 1851 (dont un certain nombre fabriqué par Colt à Londres) utilisés durant la Guerre de Crimée, ainsi qu’aux différents modèles de Adams, de Tranter et plus tard des différent Webley et Enfield. Souvent, ces armes achetées à titre privé étaient d’un fini supérieur et/ou personnalisées. Par exemple, la firme de Wilkinson se fournissait chez Webley de révolvers portant le nom de leur firme, permettant à un nouvel officier d’acheter son épée et son arme de poing chez Wilkinson.
Toutefois, pour l’armée une arme standard était nécessaire, pour fournir à certains membres du personnel dont les fonctions l’exigeaient ou pour qui une arme longue était encombrante , particulièrement le personnel de soutien ou monté. À partir des années 1880, la firme de Webley sous ses différentes incarnations fournit cette arme, qui évolua au fil des ans pour devenir le Webley Mk VI.
La Première Guerre Mondiale vit l’expansion massive de l’armée britannique et l’utilisation du modèle standard de l’époque (le Webley Mk VI en .455 Webley) par du personnel qui n’avait pas eu le temps d’apprendre à vraiment maitriser leur recul. C’est pourquoi après ce conflit on commenca à envisager une arme de plus petit calibre, qui serait plus facile à utiliser (exactement comme le remplacement du 1911 en .45 par le Beretta en 9mm par la US Army…
A la demande du War Department, la firme de Webley & Scott dessina un modèle plus petit, nommé le Mk IV, répondant au cahier des charges. Ce revolver était basé sur un modèle développé par Webley & Scott pour le marché policier, le Military and Police et chambrait la munition choisie par le War Office: le .38 Smith & Wesson, ou plutot une version appelée .38/200; le 200 indiquant le poids en grains du boulet de plomb dans sa version initialement adoptée. La version utilisée pendant la 2e Guerre était connue sous le nom de ‘’ Cartridge, S.A., Revolver Ball, .380in. MkII’’ et avait un boulet chemisé de 178 grains, puisque certains craignaient que les boulets en plomb contreviennent aux conventions sur la conduite humanitaire de la guerre.
de gauche à droite: .455 Webley, .380 Revolver, 9x19
Webley & Scott soumit son design au War Department, qui après examen dit “Thank you very much” à W & S et ordonna à la Royal Small Arms Factory d’Enfield de s’en servir comme base pour leur propre design. Le modèle élaboré par Enfield d’apparence très similaire au Webley était doté d’un mécanisme légèrement différent et on en commenca la production en série sans offrir de compensation à la firme privée. Webley & Scott dut alors poursuivre la couronne pour 2250 livres sterling pour les frais encourus . Le gouvernement nia que le design avait été plagié, disant que le Capitaine Boys (futur designer du fusil antichar Boys) de la RSAF Enfield avait conçu le modèle adopté. Éventuellement, la Commission Royale pour les Bourses aux Inventeurs accorda 1250 livres à W&S comme compensation. Naturellement tout ceci créa un certain froid entre Webley & Scott et le gouvernement anglais.
Webley Mk IV:Revolver Enfield no2 Mk1:Vint la 2e Guerre Mondiale, Les forces britanniques ayant besoin de quantités considérables d’armes et les arsenaux gouvernementaux ne suffisant pas à la tâche, elles durent frapper à la porte de Webley & Scott et leur commander tous les revolvers qu’ils pouvaient fabriquer, please…
Naturellement, le temps manquait pour donner aux armes la finition de qualité que Webley & Scott avait toujours donné à sa production. Chaque revolver fabriqué en temps de guerre fut marqqué des mots “War Finish” pour faire comprendre aux utilisateurs qu’il n’était pas représentatif des standards habituels de qualité Webley.
On remarque le système d’ouverture à bascule, une caractéristique commune à la plupart des révolvers britanniques depuis les années 1880 et qu’on a retrouvée aussi dans plusieurs modèles américains vers la fin du 19e Siècle; notamment chez Smith & Wesson et Harrington & Richardson ainsi que leurs nombreuses copies belges et basques.
Contrairement aux américains qui délaissèrent largement ce type de système d'ouverture avec la venue de la poudre sans fumée, les britanniques restèrent avec ce système qui chez le Webley a atteint son apogée.
Finalement, le Webley & Scott MK IV servit dans les forces armées britanniques aux côtés du revolver Enfield jusqu’aux années 1960, avant que ces deux révolvers soient finalement remplacés par le Browning Hi-Power. Par contre, ils servirent encore plus longtemps au sein des forces armées ou policières de différents pays, souvent d’anciennes colonies britanniques, telles que Singapour.