- bearhunt a écrit:
- Oldshot...j'envie le voyage que t'a dû faire a dos de cheval! Mais j'imagine facilement le prix de l'excursion!
Je regarde pour un voyage pour moi et ma conjointe sans trop de luxe mais avec du gibier.
Je chasse déjà chevreuil,orignal,ours ici avec elle mais je veux un trophée!
As-tu des photos de tes récoltes en colombie-britannique?!
A l'époque (début des années 80) ce genre d'excursion te soulageait d'environ $ 7000.- avion et tags compris.
Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée de se faire accompagner par sa conjointe car les conditions de chasse, le type d'hébergement, la nourriture, les besoins naturels, et l'hygiène corporelle sont
beaucoup moins que rustiques.
Par exemple, pour maintenir un semblant d'hygiène, tu te laves tous les jours le fondement et la quéquette dans l'eau glacée d'un ruissau quelconque pour éviter de pourrir dans ton jean et tes chaps.
Tu chasses à plus d'une journée de déplacement à dos de cheval de tout chemin ou présence humaine.
Quand tu t'éloignes du camp principal où tu disposes d'une petite tente de prospecteur, tu es réduit au "fly camping" avec ton guide, en plein territoire de grizzly. La nuit tu crèves de froid sous les couvertures de cheval.
Avant le coucher il faut entraver les chevaux pour éviter qu'ils s'épivardent dans la nature.
Les chevaux nécessitent d'ailleurs beaucoup d'attention et de soins car ils sont indispensables pour le déplacement et même pour ta survie.
Les chevaux voient beaucoup mieux que toi dans l'obscurité. Dans les passages étroits et à pic à flanc de montagne tu seras bien avisé de lâcher les rênes et de leur faire confiance. A vrai dire tu es aussi bien de fermer les yeux: au moins tu ne te verras pas débouler dans le ravin.
La bouffe était principalement constituée de gruau et de confiture. Pour améliorer l'ordinaire je maganais quotidiennement deux ou trois blue grouse dont je coupais les phalles en lanières avant de les saler, poivrer et rouler dans la farine pour les faire sauter dans une poële.
C'est les meilleurs chicken fingers que j'ai mangé de toute ma vie.
A l'époque, il y a plus de 30 ans, j'étais en pleine forme et pourtant, par moments je me demandais ce que j'étais venu faire là.
Je parles l'anglais avec l'accent germanique assez prononcé de l'alsacien de souche, et ça m'a rendu service sur le plan du contact humain avec mon guide qui ne pouvait pas saquer les québécois à cause des histoires de référendum sur l'indépendance et autres discussions en cours sur le rappatriement de la constitution.
Paradoxalement ledit guide qui était à l'emploi de Lynn Ross s'appellait Ethier (!).
Tu penses bien que je preférais parler orignal, grizzly et chèvre des rocheuses plutôt que politique.
J'ai vu plus d'orignaux pendant ces 10 jours que je n'en verrai sans doute pendant toutes les années qui me restent à vivre.
Le premier orignal vu faisait facilement plus de 40" et je l'aurais immédiatement mis au tapis si j'avais été tout seul. Quand j'ai mis la main sur la poignée-pistolet de ma carabine qui brimbalait à l'avant de la selle dans son rifle scabbard, Ethier m'a regardé avec condescendance et m'a dit:
"Hey dude, leave it alone! It's just a meat bull!"S'il me reste des photos? Oui, quelque part dans une boîte en métal.
S'il me reste des trophées de chasse? Non, car je les ai fourgués à des chasseurs beaucoup plus sédentaires que moi et qui ont fait leurs les réçits de cette superbe aventure en se disant que le fait d'acheter les trophées d'autrui confère aussi la propriété du vécu.
Un jour je me suis d'ailleurs fait raconter l'une de mes chasse devant le comptoir des armes de Latulippe par un quidam qui arborait ostensiblement mon ex-Browning Safari en 308 Norma magnum qu'il venait échanger contre une Weatherby Mark-V.
J'avais vendu ladite Browning deux semaines plus tôt à un toubib de Québec qui l'avait lui-même revendue dans la foulée...
Bon, pour faire une histoire courte, oubliez les montages de taxidermie "full cape" et autres aménités intransportables qui vous coûtent aussi cher que la chasse elle-même.
Dernier conseil: si vous voulez tenter l'aventure, assurez-vous de booker votre excursion pendant la saison morte, quand les pourvoyeurs ont faim et sont prêts aux concessions.
Soyez avertis que vos concurrents ont beaucoup, beaucoup plus de pognon que vous à mettre dans ces chasses. Les principaux clients des pourvoyeurs de la B.C. étaient autrefois les chasseurs américains. Les chasseurs allemands pleins aux as leur ont succédé peu à peu. Par la suite les allemands ont été évincés par des sud-américains richissimes.
La demande pour des trophées de qualité n'a jamais été aussi forte que de nos jours.
Je pense qu'une chasse équivalente à celle que j'ai vécue dans ces années-là coûterait aujourd'hui plus de 20.000 tomates.
Alors, tant qu'à faire:
Pourquoi pas un petit safari en Afrique à budget raisonnable avec l'Ami Réal Massé?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]P.S. une dernière anecdote:
en quittant le ranch de Lynn Ross je lui ai offert $ 2500 pour Chico, le cheval que j'avais monté pendant toute l'excursion. Même pour $ 3500 il n'y a rien eu à faire.
Ross prétendait que son cheval serait trop malheureux s'il devait vivre au Québec...