Extrait d'un reportage de Radio Canada sur l'accès aux sentiers de randonnée pédestre en Estrie.
Vous remarquerez que les piétons de la ville devraient avoir droit à la gratuité, alors que de nos jours les chasseurs n'ont d'autre choix que de débourser. Deux poids, deux mesures...
La perte de droits de passage compromet la pérennité de sentiers pédestres en Estrie
CBC/Radio-Canada Il y a 11 heures
L’Estrie victime de son charme
Les sentiers pédestres attirent des milliers de visiteurs en Estrie. La pérennité de plusieurs tronçons est toutefois compromise en raison de la perte de droits de passage.
Des sentiers de l'Estrie mènent nulle part, puisque des droits de passage ont été perdus au fil du temps.
Thomas Deshaies/Radio-Canada Des sentiers de l'Estrie mènent nulle part, puisque des droits de passage ont été perdus au fil du temps.
C'est le cas d'un sentier d'Eastman visité par Radio-Canada. Depuis la perte de droits de passages, aux deux extrémités, ce sentier ne mène nulle part, déplore Nadia Fredette, la directrice générale des sentiers de l'Estrie.
«Comme les sentiers passent sur des terrains privés, on est allés chercher la permission de généreux propriétaires, mais il arrive qu'on perde le droit de passage, ça fait donc une coupure dans le sentier», souligne Nadia Fredette.
Cette carte démontre qu'il ne reste qu'un petit tronçon accessible depuis la perte de droits de passage à l'est et à l'ouest.
Gracieuseté - Les Sentiers de l'Estrie/Radio-Canada Cette carte démontre qu'il ne reste qu'un petit tronçon accessible depuis la perte de droits de passage à l'est et à l'ouest.
Des pertes de droits de passage surviennent chaque année sur les sentiers gérés par l'organisme Les Sentiers de l'Estrie, notamment en raison du mauvais comportant de certains randonneurs ou d'un changement de propriétaire terrien.
«Un propriétaire qui aurait un conflit avec la municipalité pourrait décider de nous prendre en otage et de retirer le droit de passage», illustre-t-elle.
Nadia Fredette, directrice générale des Sentiers de l'Estrie.
Thomas Deshaies/Radio-Canada Nadia Fredette, directrice générale des Sentiers de l'Estrie.
En tant qu'organisme à but non lucratif, les sentiers de l'Estrie travaillent avec des moyens limités. Le réaménagement nécessaire après une perte de droit de passage constitue un défi de taille.
Mme Fredette se montre toutefois très reconnaissante envers les quelque 80 propriétaires privés qui accordent des droits de passages pour les 200 kilomètres de sentiers de l’organisme.
Quand le développement urbain barre la route
Selon CarolineTanguay, une étudiante en aménagement à l'Université de Montréal qui mène des recherches sur les réseaux de sentiers aménagés sur des terrains privés au Québec, l'enjeu de la protection des sentiers est de taille. Elle croit qu'il risque même de devenir de plus en plus important dans les prochaines années en raison du développement urbain.
«Les quartiers résidentiels entiers poussent parfois sur des lieux qui étaient autrefois empruntés par des randonneurs ou différents adeptes de plein air», souligne-t-elle.
Le mémoire de maitrise de Caroline Tanguay porte sur les réseaux de sentiers aménagés sur des terrains privés au Québec.
/Radio-Canada Le mémoire de maitrise de Caroline Tanguay porte sur les réseaux de sentiers aménagés sur des terrains privés au Québec.
Elle estime que l'État doit venir en aide aux gestionnaires de sentiers. «Les municipalités, les MRC doivent prendre un rôle de premier plan parce qu'eux, ont des outils, ont des pouvoirs que les gestionnaires qui sont souvent des OBNL n'ont pas.»
Selon Caroline Tanguay, il est essentiel d'évaluer l'importance de conserver des sentiers pédestres avant le développement de nouveaux projets résidentiels, par exemple.
Parmi les solutions envisageables, Mme Tanguay soutient qu’il peut être pertinent de se doter de servitude de passage. «Ce qui permet de lier un passage à un terrain. Si le terrain est vendu, la servitude vient avec », décrit-elle.
Bien que cette façon de faire soit utile pour la préservation des sentiers, elle peut être coûteuse, c'est pourquoi il serait possible de l'implanter progressivement par les villes et les MRC.
D'autres pays comme le Royaume-Unis sont beaucoup plus proactifs dans ce domaine, alors que l'accès à la nature a préséance sur le droit des propriétaires de jouir de façon exclusive de leur terrain. Même si un changement un ce sens serait souhaité par plusieurs d'amateurs de plein air, Mme Tanguay doute que l'acceptabilité sociale soit au rendez-vous pour l'instant.
La randonnée, un moteur économique
L'importance économique de préserver ces sentiers pédestres n'est pas non plus à négliger, rappelle la porte-parole de Tourisme Cantons-de-l'Est, Danie Béliveau.
Selon des données de 2010, Danie Béliveau souligne que les retombées économiques reliées à la randonnée s'élevaient à 28 millions de dollars.
D'après le reportage de Thomas Deshaies