Réponse à dearamator:
Je crois avoir déjà eu l'occasion d'échanger avec Monsieur Gagnon sur le sujet de la chasse sélective sur le forum Chevreuil.net
A ce propos je souligne que j'ai été, dans le courant des années 80, locataire d'un territoire de chasse de 1200 ha. d'un seul tenant (équivalent à 30 lots de 40 ha.) où je pratiquais la chasse sélective des cervidés.
Je comprends très bien les préoccupations de Monsieur Gagnon et de ceux qui souhaiteraient la mise en place d'une réglementation favorisant la production d'un plus grand nombre d'animaux trophées.
Toutefois les objectifs de Monsieur Gagnon ne peuvent être atteints qu'à deux conditions:
1) obtenir un consensus général entre a) les chasseurs, b) les propriétaires de boisés, c) les autorités gouvernementales.
Dans l'état actuel des mentalités je juge la chose impossible.
2) obtenir l'adhésion de l'ensemble des chasseurs à des méthodes de chasse quantitatives et qualitatives.
La mise en oeuvre de ces méthodes présuppose une formation pointue des chasseurs en matière de biologie, or celle-ci rencontrera de nombreux obstacles.
La réalité d'aujourd'hui, c'est que pour la majorité des chasseurs la "gestion sélective" du chevreuil se résume à distinguer le buck de la femelle, et à ne tirer que des bucks qui portent au minimum des dagues de 7 cm.
C'est ce qu'ils ont appris dans le Pesscof, et c'est déjà très bien.
Il ne faut pas se leurrer: la majorité des chasseurs veulent avant tout "pogner" du chevreuil (ou de l'orignal, d'ailleurs...). Si le chevreuil en question porte dix cors, c'est un beau rajout à l'expérience de chasse, mais en soi la récolte d'un beau trophée ne constitue pas un objectif suffisamment puissant pour que ce même chasseur laisse passer trois ou quatre coiffés de moindre envergure.
Comme tu le sais, j'ai 67 ans depuis quelques jours, or j'assiste depuis 46 ans, de près ou de loin, aux discussions de chasse interminables qui continuent de faire cours au Québec sur les plus et les moins de tel ou tel mode de gestion de ces animaux.
Je constate que les tableaux de chasse des années 2000 jusqu'à aujourd'hui sont relativement stables et nettement plus importants que ceux des précédentes décennies. C'est déjà une belle réussite en soi.
J'ai eu le privilège de rencontrer, dans le cadre d'une étude commanditée par les deux paliers de gouvernement, au moins deux biologistes québécois dont les travaux de recherche ont fait date. Je n'ai pas l'ombre d'un doute ni sur leur intégrité professionnelle, ni sur leurs compétences.
Les chasseurs peinent à comprendre que les biologistes modulent la gestion des espèces en vertu des directives qui leur sont imposées par les hauts-fonctionnaires de plusieurs ministères, et que ces directives tiennent compte d'un nombre important de paramètres socio-économiques qui vont bien au-delà de l'abondance relative des gibiers ou de la beauté esthétique des trophées récoltés.
Je vous remercie d'avoir partagés vos points de vue sur l'hypothèse de la commercialisation éventuelle de la venaison. Soyez assurés que je n'ai aucun parti-pris dans cette affaire, excepté le fait que je sais d'expérience que cette activité existe ailleurs sans porter atteinte aux espèces.
Je suis un peu surpris que le mot "ailleurs" évoque encore autant de suspicion chez certains, alors que tant de gens effectuent des voyages de chasse à travers le vaste monde. A ne regarder que son nombril, à ne pas regarder autour de soi, on finit bourré de préjugés et renchaussé à la pioche.
Je vais pour ma part continuer de chasser jusqu'à la dernière heure, au Québec ou ailleurs, dans le respect des gibiers, et dans le respect des règlements de chasse qui permettent de maintenir leur présence.